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 Du jeu traditionnel au sport : l’irrésistible mondialisation du jeu sportif (1ere partie)

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Du jeu traditionnel au sport : l’irrésistible mondialisation du jeu sportif (1ere partie) Empty
MessageSujet: Du jeu traditionnel au sport : l’irrésistible mondialisation du jeu sportif (1ere partie)   Du jeu traditionnel au sport : l’irrésistible mondialisation du jeu sportif (1ere partie) EmptyDim 13 Avr - 1:40

Du jeu traditionnel au sport : l’irrésistible mondialisation du jeu sportif

Au cours du dernier siècle, notre société a abandonné les jeux traditionnels au profit de jeux institutionnels nouveaux dont la mondialisation est conquérante.

A quelle logique ces sports répondent-ils ? Cette mondialisation se révèle-t-elle bénéfique ?

Depuis de nombreuses décennies, l’opposition entre jeux traditionnels et sports est symboliquement au cœur des débats pédagogiques qui engagent une conception de l’enfant et orientent le choix d’un modèle de société souhaitable. En tant que "pratique sociale" soutenue par les instances nationales et mondiales, affirme le courant pro-sportif, le sport possède une incontestable supériorité sur les autres activités considérées comme mineures. Ainsi, dans les Cahiers du Centre d’Etudes et de Recherches Marxistes, Yvon Adam écrit-il : "Plus un sport se perfectionne dans son jeu, ses règles, ses techniques, plus il exige un niveau d’approche élevé, plus il offre de possibilités éducatives. C’est pourquoi nous pensons que certains jeux, l’Epervier par exemple, ou les Barres qui ne sont pas institutionnalisés, socialisés, n’ont qu’une faible valeur éducative." Cette affirmation semble bien péremptoire.

La valeur d’une activité physique et d’un jeu sportif serait-elle dépendante de leur soumission à un dispositif institutionnel ? La présence d’un appareil d’encadrement capa- ble de contrôler et d’uniformiser les activités motrices est-elle le critère de la qualité éducative de ces activités ? Il est vrai que grâce à sa mondialisation, le sport permet à des joueurs de cultures et de langues différentes d’interagir sur le champ avec ensemble, de façon coordonnée et d’engager un dialogue corporel harmonieux. Incapables de se comprendre par le verbe, ces pratiquants arrivent enfin à communiquer par l’action motrice ; auraient-ils trouvé un langage universel ?

Pratiques locales ou pratiques mondiales ?

Le sport se pose comme une activité fédératrice, une pratique permettant des échanges accomplis entre des personnes de pays situés aux antipodes les uns des autres. Le sport se voudrait la culture corporelle de l’œcuménisme. Dépassant les querelles des pratiques locales, il donne accès à des pratiques mondiales. En quelque sorte, grâce à lui, la planète se transforme en un grand village. Bref, en se mondialisant, le sport devient accessible à tous et donne accès à la communication de tous vers tous.

Le fait est là : de nombreuses fédérations sportives internationales, telles celles du football, de l’athlétisme, du basket ou du tennis, regroupent davantage de pays affiliés que l’ONU. Ainsi, 198 pays sont rassemblés sous la houlette de la Fédération internationale de football alors que l’ONU n’en regroupe que 176 ! Grâce à la complicité intéressée de la télévision, le sport est devenu un spectacle familier à plusieurs milliards d’habitants de la planète. Rien que pour la France, 2400 heures de télévision ont été consacrées au sport en 1999, et l’on sait qu’en audience cumulée, près de 20 milliards de télespectateurs ont suivi la dernière Coupe du Monde de football. Quant à la dimension économique qui se manifeste au niveau de la vie quotidienne, on estime que le marché mondial des articles de sport atteindra 1000 milliards de francs à la fin de l’an 2000.

Le sport représente un spectacle de masse qui a engendré une pratique mimétique massive. Aussi le célèbre-t-on souvent comme un moyen de rapprochement entre les peuples. Les médailles olympiques font briller un accord planétaire. Qu’en est-il vraiment ? Et ne pourrait-on pas, ici aussi, découvrir un revers à la médaille ?

Le spectaculaire développement du sport a entraîné la mise à l’écart de la plupart des autres pratiques corporelles, et notamment des jeux physiques traditionnels.

La grande presse est devenue la chanson de geste des grands gestes sportifs. Abandonnées les parties de Barres, de Quinet ou de Cheval fondu, délaissées les joutes nautiques provençales, oubliées les originales parties de pelote pyrénéenne ou de Paume picarde, bref rejetés les jeux de village. Ne sont désormais reconnus que les jeux institutionnalisés sur le plan international.

Les Jeux Olympiques et les championnats du Monde des différentes spécialités en sont les représentants emblématiques. La conclusion est tranchée : les jeux traditionnels de niveau local ont été totalement supplantés par les jeux internationaux de niveau global. Comment cette hégémonie du sport a-t-elle réussi à s’imposer ?

Les prémices de la mondialisation

Pendant de nombreux siècles, une grande partie de l’humanité a vécu autour de la Méditerranée. Le bassin de cette mer nourricière fut la matrice de grands événements sociaux, commerciaux, religieux et scientifiques. Mais, peu à peu, après les Grandes Découvertes de la Renaissance, l’intérêt se déplaça vers l’Atlantique nord. Ce que l’on appelait le Finistère, c’est-à-dire la "fin des terres", qui était donné pour un cul-de-sac, devint tout à l’opposé, le début des terres neuves, la piste d’élan vers des terres promises. La grande façade européenne de l’Atlantique est apparue alors comme la ligne de départ, ouverte vers un El Dorado, alors que les côtes méditerranéennes se refermaient sur l’espace clos de leurs richesses déjà recensées et jalousement défendues.

Les prémices de la mondialisation se font jour dès la Renaissance qui, en profitant des avancées préalables du Moyen Age, a bouleversé la conception de l’univers et la gestion des territoires. En ces temps-là, les jeux physiques étaient le petit théâtre local où se rejouait la singularité de la vie des villages, des bourgades et des peuples. Les divertissements qu’on appelait le "desport", connaissaient une existence régionale. Lorsqu’un jeu se répandait alentour par le truchement des bergers, des marchands ou des soldats, les villageois se l’appropriaient en adaptant les règles au relief et aux coutumes du cru. Le pays devint constellé d’une myriade de variantes ludiques dont chacune revendiquait son originalité, témoin d’une identité enracinée dans les pratiques corporelles. Le paysage ludique offrait une mosaïque haute en couleurs, prodigieusement diversifiée. La situation changea au xixe siècle. Amorcées au cours des siècles précédents, les transformations économiques et techniques bouleversèrent les modes de vie. Le sport allait accompagner cette révolution industrielle et en devenir l’un des porte-flambeaux. En se transformant en sports, les jeux physiques vont changer de nature, vont changer de logique interne : les caractéristiques de rationalité et de standardisation du mode de production capitaliste vont leur conférer de nouvelles propriétés, fort éloignées de celles des divertissements villageois. L’espace du sport devint un espace étalonné et stable ; le temps se soumit aux Diktats du chronomètre ; les objets du sport se muèrent en produits industriels de haute technologie ; les interactions entre les pratiquants furent strictement régies par d’impérieuses conventions de type compétitif. La mesure, le score et le record régnèrent désormais sur le stade, le gymnase et la piscine. La profonde transformation sociale et économique que connut l’Europe du nord-ouest, et notamment la France au xixe siècle, provoqua une mutation des croyances et des modes de vie ; elle fut notamment à l’origine de la lente érosion des identités culturelles locales dont les revendications d’autonomie corse, basque ou bretonne actuelles représentent les buttes-témoins. C’est ce processus d’effilochage que le sociologue Eugen Weber a appelé la "fin des terroirs" (et c’est d’ailleurs le titre de son ouvrage). Les nouvelles conditions de vie associées à un imaginaire collectif célébrant le progrès, la vitesse et la performance, vont coïncider avec l’émergence du sport. A la "fin des terroirs" dont parle Eugen Weber correspond le début des lançoirs, des couloirs et des sautoirs. Le paysage social des divertissements va être transformé par l’imposition d’un calendrier, d’une temporalité propre qui va rythmer la succession des rencontres et des événements sportifs.

Co-incidence :
sport et démocratie libérale La dépendance des caractéristiques de ce sport international à l’égard des modes de production capitaliste a été relevée à juste titre par de nombreux auteurs. Cependant, il semble que la liaison entre le sport et un régime politique original n’ait pas été vraiment perçue. Certes, beaucoup d’auteurs ont insisté avec raison, sur la symbiose réalisée entre le sport et les régimes totalitaires, de type mussolinien, hitlérien ou stalinien. Mais en réalité, le sport n’est pas issu de ces régimes dictatoriaux ; il s’est au contraire imposé en liaison avec l’affirmation progressive du régime de démocratie libérale. Une mise en rapport dans l’espace et dans le temps de ces deux phénomènes sociaux peut être éclairante. La démocratie libérale s’est affirmée dans un espace précis : l’Europe du nord-ouest, et à une époque bien identifiable : le dernier tiers du xixe siècle. Il en est rigoureusement de même de l’entreprise sportive : démocratie libérale et sport émergent dans le même lieu et au même moment. La coïncidence ne peut être fortuite.

La démocratie libérale, berceau du sport, ne se présente cependant pas comme un régime lisse et cohérent ; elle est pénétrée d’intentions contradictoires qui s’entrechoquent en permanence dans les pays qui la mettent en application. Et sans doute faudra-t-il alors s’attendre à retrouver ces contradictions dans le phénomène sportif lui-même, pour autant que toute motricité est bien une ethnomotricité. La perspective libérale favorise la franche compétition, la libre circulation des personnes, la soumission aux lois de la concurrence et du marché, l’apparition d’une élite performante. L’option démocratique prône l’égalité des chances et la similitude des conditions ; elle met en avant le contrat social, elle se préoccupe davantage des faibles que des triomphateurs, elle tempère la brutalité des compétitions en amoindrissant les disparités interindividuelles, elle impose les arbitrages de l’Etat. D’un côté une sorte de "darwinisme sportif", de l’autre une régulation centralisatrice. La démocratie libérale est une démarche délicate, en quête de son équilibre sur une ligne de crête qui menace en permanence de provoquer la chute vers l’un des deux versants opposés, l’un valorisant la liberté et les pouvoirs de l’individu, l’autre les contraintes et le contrôle de la société.

Ce qui intéresse notre propos, c’est que cette tension qui, tel l’arc électrique ne maintient le contact que par la fulgurance d’une flamme, se retrouve dans la réalité du phénomène sportif. L’exemple de l’arrêt Bosman qui secoue actuellement le monde du football est un exemple révélateur du point de vue libéral ; en favorisant la libre circulation des participants à l’intérieur de l’Union Européenne, cet arrêt délocalise les joueurs, déclenche un processus d’européanisation, prélude à la mondialisation. Et par là même risque de désorganiser la gestion des clubs qui pestent contre la marge d’autonomie des joueurs jugée trop importante (paradoxalement, ce sera la recherche de profits supplémentaires qui incitera les clubs favorables à l’économie de marché, à tempérer le trop grand libéralisme du marché !). D’une part, sous le label libéral, la compétition à outrance, l’établissement des records et des classements, la domination de l’élite et l’avènement des "dieux du stade". D’autre part, sous l’égide démocratique, l’accès de tous aux activités, l’égalité des chances, l’équité de la confrontation (catégories de poids, d’âge, handicaps...), l’arbitrage assurant la loyauté de la rencontre. Cette vive opposition entre les dimensions libérale et démocratique est au cœur du sport qui apparaît alors comme un Janus à deux visages. Elle entretient et avive en permanence les conflits, et cela d’autant plus que sa réalité est farouchement niée par une majorité d’auteurs qui ne veulent voir dans ses manifestations négatives que des phénomènes surajoutés et de simples déviations regrettables. Cependant, force est de se rendre à l’évidence : l’évolution mondialiste du phénomène sportif survalorise le visage de la compétition conquérante et élitiste, au détriment du visage de la rencontre souriante et conviviale, souvent réduit à n’être plus qu’un alibi.

En changeant de régime politique au cours du xixe siècle, changement associé à de profondes mutations socio-économiques, les nations du nord-ouest de l’Europe ont modifié corrélativement leurs valeurs, leurs modes de vie et de divertissement. L’abandon des jeux traditionnels au bénéfice des jeux institutionnels - le sport -0 répond à un changement de civilisation. Cette nouvelle culture a une tendance irrépressible à imposer la standardisation et l’uniformisation des espaces, des temps, des objets et des comportements. Par son inscription résolue dans le monde industriel et commercial de l’économie capitaliste, la culture sportive a développé une véritable multinationale du spectacle ; celle-ci vend le produit sportif et l’installe avec un succès retentissant dans le champ de la communication de masse, ce qui va, en retour, influencer ses propres contenus.
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